Tout est relatif, mais quand même...
Rédigé par Alarc'h - - Aucun commentaireMon premier ordinateur (enfin une machine que je pouvais avoir à la maison, pas celui de l'université) au milieu des années 80 tournait sous CPM et avait 256 ko de mémoire (ce n'est pas une faute de frappe, c'est bien de kilo-octets dont je parle). Il commençait à y avoir des machines un peu plus musclées à la portée des utilisateurs plus fortunés, mais avec cette machine j'arrivais à faire des programmes fonctionnels, à utliser une base de données DB2 etc.
J'avais économisé pour pouvoir, folie, monter la mémoire à 512 ko. Le système était sur une disquette, les données écrites sur une autre. Aucun disque dans la machine. Un bon gros programme en basic, langage gourmand en espace de stockage et en mémoire, pouvait atteindre quelques dizaines de ko.
Autour de 1985 ou 1986 j'avais lu dans une revue informatique qu'au Royaume-Uni était proposé à la vente un dique dur externe qui avait une capacité de 40 Mo, et la revue et tout le monde intéressé par l'informatique se demandait ce que l'on pourrait bien faire d'une telle capacité de stockage, qu'il faudrait plusieurs vies à un particulier pour le remplir...
Le marketing et la société de consommation ont eu vite fait de trouver une réponse à cette question.
Et bien aujourd'hui je viens de créer un document avec LibreOffice. Un fichier texte, tout bête et complètement vide. J'ai juste créé un fichier vide et je l'ai enregistré, sans y écrire ne fut-ce qu'un espace.
Et bien ce fichier vide fait 7,7ko. Et comme un fichier .odt est en fait une archive zippée, si on le décompresse dans un dossier on trouve qu'il fait 104 ko. Et ce fichier vide contient tout un petit bazard :
deflate/ ├── Configurations2 │ ├── accelerator │ │ └── current.xml │ ├── floater │ ├── images │ │ └── Bitmaps │ ├── menubar │ ├── popupmenu │ ├── progressbar │ ├── statusbar │ ├── toolbar │ └── toolpanel ├── content.xml ├── manifest.rdf ├── META-INF │ └── manifest.xml ├── meta.xml ├── mimetype ├── settings.xml ├── styles.xml └── Thumbnails └── thumbnail.png
Bien entendu ce que je peux faire avec mon ordinateur aujourdhui, en terme de capacités de calcul et de stockage de données n'a aucune commune mesure avec ma machine d'il y a 35 ans. Mais à y bien regarder, que fais-je réellement de plus ?
J'ai davantage de langages informatique à ma disposition, de plus haut niveau, mais qui utilisent énormément d'espace disque et de mémoire. Plein de langages interprêtés commodes mais très mal ou pas optimisés. On ne soigne plus le code, on augmente les capacités des machines Ce jeu dure depuis des décennies et on arrive au point où il ne pourra plus guère avancer.
Dans les petites plaquettes vitrifiées où mes jeunes collègues regardent le monde comme les anciens mages le faisaient dans des miroirs magiques, il y a davantage de capacité de calcul que dans tous les ordinateurs de la NASA réunis en 1970.
Mais cela sert essentiellement à regarder des vidéos de types qui loupent une marche et se cassent la figure ou de chatons jouant avec une pelote de laine. Cela peut également servir à développer la subtlité de leur pensée en 140 caractères (et au moins 10 fautes d'orthographe) pour des gens qui ne les lisent pas puisqu'ils sont occupés à écrire aussi leurs 140 caractères dans l'espoir que les autres les lisent. Et bien entendu à dépenser des sous en consommant dans la grande galerie marchande qu'est devenu le web.
Finalement la seule justification à cette infinie course aux performances technique, à cette gabegie technologique ce sont les jeux vidéo et la réalité virtuelle. Voilà ce qui peut utiliser cent fois les capacités de calcul de tous les ordinateurs réunis des années 60.
Mais malheureusement les jeux sur ordinateurs m'ennuient infiniment...